En cette veille de Noel, méditons ce texte que nous a envoyé "Croyants dans la Cité".
Dimanche 2 Décembre 2018, au petit matin
Noël Gilets jaunes.
J’ai
trouvé ! J’ai trouvé ce que l’Eglise de France devrait dire devant cette
insurrection des fins de mois que nous connaissons. Elle devrait annoncer qu’on
ne fêtera pas Noël cette année. Le 25 décembre sera un jour comme un autre.
Rien dans les églises : pas d’office, pas de crèche, pas d’enfants. On va
revenir aux dimanches ordinaires car l’Avent n’aura pas lieu.
Elle
dira que notre peuple n’est pas dans un état d’esprit qui lui permet de fêter
Noël. Le cri de désespoir qui le traverse est incompatible avec le mystère de
Noël, avec l’espérance de l’Avent, avec l’accueil d’un enfant étranger.
Je
suis peut-être vieux jeu mais je me souviens des Noël de mon enfance. Il n’y
avait pas que les fins de mois qui étaient difficiles. Mais à Noël on oubliait
tout pour se réjouir de ce qu’on avait. Les familles les plus modestes se
retrouvaient avec le peu qu’elles avaient. Dans la nuit, les pauvres se
sentaient riches du toit sur leur tête, du repas amélioré de leur assiette, de
la bûche supplémentaire qui chauffait la maison et surtout de la chance d’avoir
un papa, une maman, des frères et sœurs qui s’aimaient. On échangeait des
petits riens qui étaient pleins de choses. On allait voir le Jésus de la Crèche,
l’enfant démuni, étranger, dont la seule richesse était l’amour que nous lui
manifestions. Et on prenait conscience qu’il y avait plus pauvres que nous, des
ouvriers sans travail, des enfants sans papa, des familles sans maison. Et s’il
restait un peu de gâteau on allait en donner une part au voisin malheureux.
Qu’on
rappelle à notre société qu’il y a des pauvres qui ont difficulté à vivre,
voilà qui va bien à Noël. Qu’on dise aux nantis que les pauvres ont des droits,
qu’on redise le projet d’un monde plus juste pour tous, voilà qui s’accorde
bien à Noël.
Mais
ce que j’entends, n’est pas l’amour des pauvres, le souci de ceux qui n’ont
rien, l’amour qui appelle au partage et à la justice. J’entends une population
qui a peur de devenir pauvre, une population qui n’aime pas les pauvres. Tout
le monde se dit pauvre pour avoir le droit de crier ! Les pauvres riches sont
obligés de quitter le pays puisqu’on les gruge. Les pauvres pauvres ferment
leur maison à plus pauvres qu’eux. J’ai connu un pays pauvre qui se pensait
assez riche pour accueillir le pauvre. Je vois un pays riche qui se dit trop
pauvre pour ouvrir sa porte à moins riche que lui.
Voilà
sans doute bien des années que Noël est devenu le lieu de cette mutation. On
invite l’enfant à désirer tous les biens de la terre et il se croit tout
puissant jusqu’au moment où la limite de l’appétit ou de l’argent va faire de
lui un frustré. On voulait en faire un riche comblé et il se retrouve un pauvre
déçu.
Le
Père Noël est devenu beaucoup trop riche et ne peut plus s’arrêter à l’étable
où vient de naître l’Enfant-Dieu. Il me vient l’envie de lui arracher la barbe
et de bloquer son traîneau au carrefour ! Pardon, je deviens violent.
Empêchez-moi de faire un malheur !